Articles
Octobre 2021
Novembre 2021
Décembre 2021
Janvier 2022
Février 2022
Avril 2022
Mars 2022
Mai 2022
Juin 2022
Juillet 2022
Janvier 2023
Février 2023
Août 2024
Février 2025
Mars 2025
Octobre 2021 - Le carbone, vous avez dit carbone !
Et le pauvre il a une sale image en ce moment ... et pourtant c'est l'élément de base de toutes les formes de vie connues. En fait, c'est l'une de ses formes inorganiques qu’est le CO2 qui est dans le collimateur à cause de son pouvoir de gaz à effet de serre, c’est à dire qui intercepte les infrarouges émis par la surface terrestre et donc provoque son réchauffement si sa concentration augmente. Et c’est bien le cas compte tenu de l’extraction massive de carbone fossile (charbon, pétrole, gaz naturel) depuis le début de l'ère industrielle.
Alors quelles solutions ? bien entendu il faut réduire au maximum les émissions d’origine fossile mais aussi activer pleinement le seul puits biologiques à CO2 qu’est la photosynthèse. En effet, la nature est ainsi faite que le CO2 est consommé par les plantes (les déchets des uns sont la nourriture des autres). Dans un écosystème global à l’équilibre, les émissions de CO2 issus de l’usage des végétaux (alimentation, énergie, …) sont globalement compensées par leurs absorptions nettes (croissance végétale - respiration). Mais comme nous sommes dans une situation où il faut en plus compenser les émissions de gaz à effet de serres résiduelles considérées comme incompressibles, l’atteinte de la neutralité carbone repose sur un niveau de séquestration carbone (le fameux "puits ») nettement positif. En gros, on demande à la nature de compenser notre incurie.
Comment faire ça ? on frise ici la quadrature du cercle car concrètement cela signifierait augmenter le stock de carbone en forêt et/ou dans les produits bois (accroitre la durée de vie des matériaux bois dans la construction, multiplier les usages grâce au recyclage, ...). Et pourtant laisser le bois en forêt signifierait d’une part ne plus avoir assez de bois pour tous les usages qui viennent justement en substitution aux énergies fossiles et matériaux énergivores et d’autre part laisser un stock de carbone considérable exposé aux aléas climatiques et biotiques de plus en plus fréquents, ce qui ne serait pas responsable non plus. A contrario prélever au-delà du raisonnable le bois en forêt, nous conduirait dans une situation plus que critique d’un point de vue climatique (perte du puits), biodiversité, érosion, …
Comme toujours le chemin de crête est étroit et il s’agit de trouver le bon équilibre pour les écosystèmes naturels dans un environnement mouvant : niveau de prélèvement durable, adapter les essences forestières au changement climatique, préserver la biodiversité, activer le puits carbone, trouver les meilleures valorisation pour la biomasse prélevée ... bref gérer durablement à l'échelle de son territoire
Novembre 2021 – Pour atténuer le changement climatique, vaut-il mieux substituer ou compenser ? Les deux mon capitaine !
A l’heure où la COP26 décrète la fin de la déforestation et la Commission Européenne bâtit une stratégie forestière européenne, il est important de rappeler que l’atténuation du changement climatique dépend autant de l’usage du bois.
A chaque fois qu’on utilise du bois pour un usage, on évite donc des émissions qu’aurait générée une alternative « fossile ». La substitution a donc un effet immédiat et définitif.
Quant à la compensation, elle ne permet pas d’éviter des émissions, elle vient absorber du CO2 déjà émis. Une forêt comme tout être vivant a une courbe de croissance et une forêt jeune, en bonne santé et en pleine croissance en consommera d’autant plus (voyez vos Ados à table …).
Un bilan carbone complet comprend la somme des effets de substitution et de séquestration. Il y a en effet un jeu de vases communicants. Plus on prélève de bois pour jouer sur l’effet substitution, moins il en reste en forêt pour séquestrer et inversement. Il sera donc question d’arbitrages, objet de tant de débats actuellement.
Rentrons un peu plus dans le détail.
L’effet séquestration doit être considéré non seulement en forêt mais aussi dans les stocks de produits bois. Ce qui est donc important, c’est la durée de vie du stockage du carbone séquestré. Donc non, couper un arbre n’émet pas de CO2, cela dépend de l’usage qu’on en fait !
L’effet substitution est de deux types : la substitution matériau et la substitution énergie, chacun avec un coefficient de substitution dépendant de la solution substituée (forts par exemple en substitution du charbon et de l’aluminium). Au-delà de ce simple usage de la biomasse, il est possible aussi d’additionner les effets de substitutions en l’utilisant plusieurs fois : par exemple, un usage en bois massif dans la construction suivi d’un recyclage en panneaux de particules puis enfin d’une valorisation ultime en énergie. Avec cette cascade d’usages, lorsqu’elle est possible, on additionne 3 effets de substitution qui permet d’éviter 3 émissions de CO2 et tout cela à partir du même bois.
Aussi, il est important de comprendre tous ces mécanismes d’optimisation du bilan carbone global de la filière forêt-bois car malheureusement la comptabilité carbone française ne met en avant que le compartiment « puits carbone » (effet de séquestration) et occulte les effets de substitution qui sont eux noyés dans les compartiments « tertiaires », « industries », « énergies ». D’où les solutions hâtives qui consisteraient à considérer qu’il suffirait de laisser le bois en forêts pour accroître le puits carbone sans se rendre compte que cela impacterait négativement les autres compartiments de bilan carbone du pays.
Comme toujours dès lors que nous sommes en lien avec la nature, la solution n’est pas manichéenne mais passe par une gestion durable et une valorisation optimale de la biomasse à l’échelle de son territoire.
Décembre 2021 – Pour capter du CO2, les forêts doivent être en bonne santé !
La Stratégie Nationale Bas Carbone vise la neutralité carbone en 2050. Ce n’est pas un mince défi que de passer de 10 à 2 TCO2eq d‘émissions (nationales et importées) par habitant d’ici 2050. Et ensuite pour compenser le solde, la SNBC convoque la forêt pour une part significative (35 MT de CO2eq) du puits requis.
Est-ce réaliste ? Comme il n’est pas toujours aisé de comprendre les subtilités de l’économie carbone, tentons une analogie avec la démographique humaine pour rendre les choses plus claires. Considérons que le stock forestier correspond à la population d’un pays. Que l’accroissement naturel (production de bois) équivaut aux naissances, la mortalité des arbres à celle des humains et enfin le prélèvement de bois aux sorties du territoire (effectifs quittant le pays). L’évolution de la population (stock de bois) serait alors égale aux naissances (production de bois = 89,7 Mm3) – mortalité (8,8 Mm3) – sorties (prélèvement = 49 Mm3) soit + 31,9 Mm3, ce qui porte le stock de bois sur pieds de 2 754 Mm3 en France en 2018 (chiffres officiels de l’IFN). Ce stock de bois ne cesse de croître depuis des décennies, ce qui explique le rôle important de la forêt française dans la séquestration carbone du pays et aussi pourquoi la SNBC compte bien que ça dure encore jusqu’en 2050. Et sur cet état de fait, un débat sans compromis s’est ouvert entre les tenants d’une dynamisation de l’exploitation (qui considèrent qu’on se prive de bois en substitution en ne prélevant que 54% de l’accroissement naturel) et ceux qui pensent que toutes coupes forestières entrainent dorénavant une dette carbone (dans la mesure où le stock n’aura plus le temps de se reconstituer d’ici 2050).
Mais il n’est pas sûr du tout que nous appréhendions le sujet correctement !
La pandémie de Covid, que nous traversons, nous rappelle qu’une population exposée (ici le stock de bois en forêt) peut aussi subir de lourdes pertes. Sous les coups de boutoirs du changement climatique et de ses conséquences (scolytes des épicéas, chalarose du frêne, châtaigniers etc…) des dizaines de milliers d’hectares forestiers dépérissent ou sont déjà morts. La progression inéluctable du taux de mortalité (de l’ordre de 0,3% jusqu’à présent) va modifier drastiquement les équilibres. En effet, la capacité de la forêt à séquestrer du carbone pourrait même totalement disparaître sur la base d’une hypothèse, pas du tout fantaisiste, d’une mortalité sur stock de 1% (soit 30 Mm3/an) et ce sans même avoir changé le niveau de prélèvement.
La priorité est donc de disposer de forêts en bonne santé, adaptées au changement climatique et les plus résilientes possibles. En gros conserver des pompes à carbone actives qui procurent du bois en substitution et riches en biodiversité. Pour ce faire, il est essentiel d’avoir une connaissance fine des forêts de son territoire (à la commune, au massif, à la parcelle) pour prendre les bonnes décisions sans dogmatisme.
Janvier 2022 - Existe-t-il encore un puits carbone forestier en France en 2021 ?
Les 3 derniers Inventaires Forestiers Nationaux confirment une stagnation du stock de bois sur pieds alors que nous étions en progression depuis une trentaine d’années (+50% soit 2770 Mm3 actuellement). Alors pourquoi présente-t-on encore la forêt française comme un puits de carbone, qu’en est-il, que se passe-t-il ?
En comparant les séries statistiques sur les périodes 2011-19 et 2005-13, L’IGN mentionne dans son dernier mémento des premiers signes de baisse de croissance des arbres (-3%) et des hausses de mortalité (+35%) « du fait des conditions climatiques difficiles pour les arbres (successions de sècheresse) et du développement de bio agresseurs ». Mais aussi une hausse des prélèvements (+18%) sans pouvoir distinguer ce qui relève des coupes sanitaires (les arbres dépérissant qui seraient sinon dans la rubrique mortalité en l’absence de récolte). De son côté, l’Enquête Annuelle de Branche de l’Agreste (Ministère de l’Agriculture) ne semble pas, elle, constater de variation du niveau de prélèvement à destination des industriels de la filière.
Toujours est-il qu’il que dès à présent, on peut se demander si la forêt française n’a pas déjà atteint son point d’inflexion car on ne peut pas parler de « pic de production » pour un stock renouvelable à la différence des énergies fossiles. Cette inquiétude paraît corroborée par des travaux récents menés par le LSCE/INRAE/Kayrros (Biomass Carbon Monitor) qui situent le point haut du stock de carbone de la biomasse aérienne en France à fin 2014 et depuis nous serions même en baisse de 0,9%/an !
Il est donc plus qu’urgent de se mettre au chevet des forêts françaises si on ne veut pas que l’aggravation du changement climatique nous fasse basculer dans un véritable déstockage en forêt qui signifierait non seulement que le forêt ne séquestrerait plus de carbone (et pourtant la SNBC compte bien là-dessus pour compenser les émissions résiduelles des autres secteurs) mais serait potentiellement émettrice comme cela est d’ores et déjà le cas pour un certain nombre de forêts emblématiques (Amazonie, Congo) selon certaines études scientifiques.
Alors quelles solutions pour nos forêts : les préserver intégralement, limiter les prélèvements, n’intervenir qu’en pompiers avec des coupes sanitaires, récolter préventivement les essences les plus vulnérables, gérer plus dynamiquement, renouveler et planter massivement avec des essences adaptées ? Toutes ces solutions pourraient être adéquates, cela dépend des situations locales et des avis concertés avec des personnes compétentes en gestion forestière. En tout état de cause, ce qui paraît le plus urgent à ce stade c’est de mettre sous surveillance toutes les forêts, disposer d’indicateurs, d’outils d’aide à la décision et agir lorsqu’il le faut, aussi préventivement que possible.
On parle ici de 17 millions d’hectares, soit simplement 31% du territoire national. Si cela n’est pas un défi commun ?
Février 2022 – La forêt peut-elle être une variable d’ajustement de la SNBC ?
La séquestration carbone forestière est de plus en plus perçue comme une variable d’ajustement de la Stratégie Nationale Bas Carbone pour lui permettre d’atteindre la neutralité en 2050. Dépendant de l’accroissement naturel, de la mortalité et du niveau de récolte, la solution de facilité pour respecter l’objectif serait alors de limiter l’exploitation (mais qui induira de facto, à iso-usages de bois, une exploitation supplémentaire à l’étranger). Cette logique s’appuie en fait sur le concept de « dette carbone ». De quoi s’agit-il ?
Prenons l’exemple d’une coupe définitive dans une forêt à maturité (240 m3/ha de bois sur pieds) qui conduira à une séquestration de – 240 T de CO2. Compte tenu de l’obligation de s’assurer d’une régénération (naturelle ou par plantation), le cycle forestier repartira et avec un niveau de séquestration moyen de 8 T de CO2/ha/an, il faudra 30 ans pour retrouver le stockage de carbone initial . C’est le « temps de retour » ou « dette carbone ».
D’aucuns soutiennent que si cette « dette carbone » n’est pas comblée avant 2050, il ne serait plus pertinent d’un point de vue de l’objectif « séquestration carbone » de faire cette coupe. Avec une telle approche, la gestion forestière devient dépendante de cette priorité en omettant toutes les autres fonctions tout aussi importantes. Or en gestion forestière, nous sommes dans le temps long (30 à 150 ans selon les essences) et si on se focalise uniquement sur un point d’arrivée en 2050 sans se soucier des conséquences de ces « non-actions » sur les décennies suivantes, on risque de faire l’inverse d’une gestion durable (accroissement de la mortalité, non adaptation au changement climatique, déséquilibre dans les classes d’âge, absence de travaux de sylviculture permettant d’obtenir des bois de qualité d’œuvre). En fait, il y aura toujours des arbres, des parcelles qui arriveront à maturité et qu’il conviendrait de couper, d’autres qui seront en pleine croissance et d’autres en cours de régénération, c’est cet équilibre qu’il faut veiller à respecter. Et dans ce cas, le concept de « dette carbone » disparaît car le déstockage sur 1 ha est aussitôt compensé par l’accroissement du stock des 30 ha avoisinants. Ceci s’analyse indifféremment à l’échelle de la parcelle en cas de gestion irrégulière à couvert continu ou bien du massif avec coupe définitive et reboisement.
De « dette carbone forestière », il n’y a point dans le cadre d’une gestion durable à l’échelle de son territoire sauf à essayer de tordre les équilibres pour atteindre obligatoirement un objectif particulier à une date donnée.
C’est donc bien les révisions successives de la SNBC qui devraient intégrer les prévisions actualisées de séquestration carbone à l’horizon 2050 issues d’une gestion durable optimale des forêts françaises (c’est à dire intégrant aussi tous les paramètres de la multifonctionnalité) et non l’inverse.
Mars 2022 – Est ce que toutes les essences forestières se valent dans l’atténuation du changement climatique ?
En matière de carbone forestier, il est souvent mentionné par simplification qu’un m3 de bois = 1 T de CO2. En effet, lors de leur croissance les arbres consomment du gaz carbonique dans le processus de photosynthèse selon l’équation : CO2+H20 -> O2 + (CH2)O. La structure lignocellulosique comprend du carbone (C), pas de CO2 qui est un gaz. Cependant par convention pour analyser l’effets sur les Gaz à Effet de Serre (GES), on convertit le C (carbone) séquestré en potentiel de CO2eq (dioxyde de carbone équivalent) en multipliant par 3,67 (masse molaire du CO2).
Par ailleurs, toute personne qui a fait un peu de bois de chauffage en forêts sait que la densité des bois vert (kg/m3) ne se valent pas mais ce qui compte ici c’est la densité du bois sec appelé infra-densité (et exprimée en tonnes de matière sèche par m3). Elle varie de 0,35 pour les peupliers à 0,73 pour le chêne vert avec une moyenne multi-essences de 0,54 tMS/m3 (0,57 pour les feuillus et 0,42 pour les conifères).
Ainsi pour calculer la quantité de CO2 par m3 de bois, on applique la formule suivante : 0,475 (teneur en carbone dans le bois sec) x 0,54 (infra-densité moyenne toutes essences) x 3,67 (masse molaire CO2) => 0,94 TCO2eq/m3 de bois en moyenne toutes essences (0,73 pour les conifères et 0,99 pour les feuillus). La forêt française étant constituée aux 2/3 de volumes de feuillus, on serait donc à 0,9 TCO2eq/m3 en France. Le fameux 1 m3 = 1 T de CO2eq, utilisé par simplification est donc surestimé de l’ordre de 10%.
Doit-on en conclure que, d’un point de vue de la lutte contre le changement climatique, les chênes verts sont plus efficaces que les peupliers ou les conifères ?
Non bien sur car cela dépend aussi de la productivité intrinsèque de chacune des essences en stations. Cette productivité s’analyse au niveau de l’ensemble du bois produit (bois commercial, expansion racinaire et menus bois). Ainsi des essences de « compétition » (peuplier, douglas, sapin/épicéa) présentent des productivités en bois commercial jusqu’à 3 fois plus élevées que celles du chêne et du hêtre mais après prise en compte de l’ensemble des paramètres impactant cités ci-dessus (infra-densité, facteur d’expansion, etc…), la différence en terme de puissance de pompe à CO2 est quand même bien moindre. En moyenne, les forêts françaises extraient de l’atmosphère 8-9 T de CO2eq/ha/an avec un écart de +/- 50% selon les essences.
Le choix d’une essence à implanter ne repose cependant pas sur sa capacité de captation du carbone mais sur des sujets classiques d’adéquation à des contraintes pédo-climatiques actuelles et futures, de préservation de la biodiversité ainsi que du potentiel de valorisation en bois d’œuvre.
Nous verrons dans un autre post que la différence d’un point de vue carbone est plus marquée selon l’usage que nous ferons du bois et ceci quelles que soient les essences.
Mars 2022 – Du meilleur usage possible du bois pour lutter efficacement contre le changement climatique !
Le fait de choisir une poutre en bois plutôt qu’en métal, une chaudière à bois plutôt qu’au fioul produit un effet de substitution qui évite d’émettre du CO2 issu de ressources fossiles. L’effet de substitution est très important pour limiter le réchauffement climatique car son impact est immédiat et définitif.
Les effets de substitution différent selon les situations et les solutions substituées, on définit alors des coefficient de substitution. Par exemple, on peut produire de l’électricité à partir de charbon (émetteur de CO2 fossile) ou avec du nucléaire (pas de CO2), dans un cas substituer du bois sera positif mais pas dans l’autre. Le bois énergie sera ainsi bien utilisé pour la production thermique en substitution aux fioul et gaz. Compte tenu du mix énergique français, le coefficient de substitution énergie établi est de 0,5 TCO2eq/m3 de bois. Selon la même logique le coefficient de substitution matériaux est de 1,1 TCO2eq/m3 (données INRAE/IGN 2017). De plus, comme un bois matériau en fin de vie est maintenant majoritairement recyclé, il aura encore un ou plusieurs usages à suivre et va cumuler au moins un coefficient énergie de 0,5 TCO2eq/m3 supplémentaire pour le porter à 1,6 TCO2eq/m3.
Cependant il n’est pas possible d’appliquer ces coefficients à une grume sortant de forêt au vu des diverses valorisations (sciages, connexes, etc…). Des travaux menés dans le cadre des Indicateurs de Gestion Durable des forêts publiés en 2021 permettent de préciser les usages (bois massif, panneaux, papiers&cartons, énergie, etc…) selon les différentes qualité récoltés en forêts (BO,BI,BE). En compilant tous ces chiffres avec ceux de la récolte de l’EAB (Agreste), on peut produire des coefficients de substitution composites plus facile à appliquer sur le terrain, qui sont respectivement de 1, 0.94 et 0.5 TCO2eq/m3 pour le BO, BI, BE. Et même déterminer le coefficient de substitution global de la récolte française qui s’établirait ainsi à 0,88 TCO2eq/m3.
Or il s’avère que le contenu carbone de la récolte annuelle en forêt française est de 0,82 TCO2eq/m3 (pour mémoire il était de 0,9 TCO2eq/m3 dans le stock de bois sur pieds mais tombe à 0,82 pour le bois récolté car la proportion de résineux récoltés est nettement plus élevée que celle de feuillus actuellement en France).
Nous pouvons donc conclure que l’impact de la récolte de bois conduit à une perte de carbone dans le compartiment séquestration de la forêt française mais qui est plus qu’immédiatement compensée par l’effet substitution lié à la valorisation des produits bois dans la configuration actuelle des usages. Cependant ce bilan pourrait être nettement amélioré en gérant mieux les forêts dans une optique de production de bois d’œuvre d’autant plus qu’il faudrait y ajouter l’effet du stockage du carbone dans les produits bois selon leur durée de vie qui fera l’objet d’un autre post.
Mai 2022 – Le stockage carbone dans les produits bois, le grand oublié du bilan carbone !
Le bilan carbone de la filière forêt bois comprend la somme des effets de Séquestration (en forêt et dans les produits bois) et de Substitution (matériau et énergie). Intéressons-nous plus spécifiquement à la séquestration dans les produits bois. Elle peut se mesurer soit en comparant deux stocks de produits bois dans le temps soit en analysant les flux (bois entrant-sortant). Mais comment inventorier le bois utilisé en France dans la construction, les emballages, papier-carton … a priori impossible. La seconde solution parait plus facile à mettre en œuvre car on connaît la consommation et les types d’usage du bois et dorénavant mieux le bois de déconstruction grâce au recyclage. Mais c’est en fait encore un autre mode de calcul qui fait référence au niveau européen et dans les rapports du GIEC. Cette troisième approche présentée dans l’étude Carbostock (FCBA-2005) et reprise aussi dans les référentiels du Label Bas Carbone analyse la durée de stockage des différents types de bois selon leurs usages et calcule des taux de « décomposition » selon une fonction exponentielle (demi-vie de 35 ans pour le sciage, 25 ans pour les panneaux et 2 ans pour le papier-carton).
Selon les derniers chiffres en date, le stock de produits bois en France serait de 335 MT de CO2eq (déterminé à dire d’experts mais probablement sous-évalué car l’Allemagne en annonce 5 fois plus) et la séquestration serait de +2,3 MT CO2eq/an d’après les travaux sur les Indicateurs de Gestion Durable 2021 (mais issus de données 2010-15). L’accroissement de l’usage du bois dans la construction devrait permettre de relever le niveau de séquestration dans les produits bois d’ici 2050 mais pourra t’il atteindre l’ambitieux +20 MT de CO2eq/an prévu dans la SNBC ?
Toujours est-il que la séquestration dans les produits bois vient s’additionner aux coefficients de substitution (matériau et énergie) que nous avions déjà mentionnés (0,88 TeqCO2/m3). En intégrant cet effet stockage, on peut donc en conclure qu’un m3 récolté en forêt et commercialisé en France présente un coefficient combiné de 0,94 lorsqu’il est pour mémoire de 0,82 sur pieds en forêt (récolte EAB). La valorisation de la récolte française est donc positive d’un point de vue carbone. Mais elle l’est d’autant plus qu’on produit du bois d’œuvre & industrie (coefficients combinés de 1,08) et bien moins dans le cas du bois énergie (avec un coefficient de 0,5). Dans la mesure du possible, il faut donc toujours essayer de trouver de meilleures valorisations que le bois énergie (BE) pour les bois issus directement de forêt. Nous savons que tout bois in fine a un destin de BE mais si cela peut être après un ou plusieurs autres usages avant c’est mieux d’un point de vue carbone. La valorisation en BE est souvent la moins rémunératrice, par conséquent l’intérêt du forestier est donc souvent bien aligné avec celui de la filière et de la Société dans son ensemble.
Juin 2022 – Le carbone des sols forestiers, quelques premiers enseignements !
Les sols selon leur nature, leur histoire, la végétation en place et les interventions pratiquées contiennent plus ou moins de carbone. L’enjeu du carbone du sol est très important car il est équivalent à celui contenu dans la végétation elle-même. Les sols forestiers et les prairies en sont plus pourvus que beaucoup d’autres sols (le double en moyenne) et le projet 4/1000 initié par l’ancien ministre de l’agriculture M. Le Foll se focalise donc sur les sols agricoles cultivés qui déstockent fortement. Certes un sol bien pourvu a probablement moins de potentiel de séquestration par contre il a un risque de relargage plus important aussi.
La SNBC est peu prolixe sur l’évolution attendue du stock carbone dans les sols forestiers et la considère comme constante (+ 5 MTCO2/ha soit 0,3 TCO2/ha/an en moyenne). Intéressons-nous un peu aux travaux de recherche sur le sujet.
Pour ce qui concerne l’agriculture, pour inverser la tendance et séquestrer du carbone il s’agit essentiellement de changer de pratiques avec moins de labour, plus d’agroforesterie et des couverts végétaux en intercultures. L’Ademe dans son étude « Transition 2050 » chiffre même le potentiel de séquestration à + 50 MTCO2eq/an, c’est dire l’importance du sujet.
En matière forestière, la même étude indique que « pour les sols forestiers, il n’existe pas de projections considérées comme fiables pour la France, d’autant plus qu’aucun modèle de dynamique du carbone n’est validé ». Et pour cause, ce sont des sujets complexes à isoler dans des équilibres écosystémiques fragiles. Les stocks de carbone dans les sols concernent les 30 premiers cm de sol et sont calculés par le Réseau de Mesure de la Qualité des Sols (www.gissol.fr). Il est en moyenne de 273 T de CO2eq/ha dans les sols forestiers. L’INRAE, l’Université de Rouen, l’ONF et l ‘ENS-Géologie ont travaillé spécifiquement sur le sujet du carbone du sol en forêt et même si plusieurs points doivent faire encore l’objet de travaux complémentaires, il est déjà possible d’en tirer quelques conclusions : «le risque de perte de carbone augmente avec la taille du réservoir initial». Les sols forestiers à fort potentiel de séquestration (+2 TCO2/ha/an) se situe plutôt dans les forêts récentes dans lesquelles il est possible d’avoir une sylviculture dynamique alors que dans les sols des forêts anciennes voire surcapitalisées l’enjeu principal sera de ne pas déstocker du carbone déjà présent en masse dans le sol en adoptant une sylviculture plus proche de la nature. C’est surtout au niveau de la litière (environ 10% du carbone du sol) qu’une mise à nu d’un sol après une coupe rase provoquera des pertes importantes. Un travail de sol en bandes (labour sur 25% de la surface) limitera quant à lui l’impact sur les horizons inférieurs. Par ailleurs, il est important de n’exporter que le bois commercial (et donc de laisser dans ou sur le sol le système racinaire et les menus bois).
Juillet 2022 – Aux arbres citoyens forestiers, participez à la lutte contre le changement climatique !
Après avoir exploré le carbone forestier sous toutes les coutures dans une dizaine de posts, il est dorénavant possible de tirer quelques recommandations pour ceux qui veulent agir sur le terrain :
- Le carbone stocké dans les sols forestiers est aussi important que celui contenu dans la végétation elle-même. La principale différence est que la libération du carbone du sol est une perte nette alors que la récolte de bois bénéficie d’effets de substitution qui font plus que compenser le déstockage. Pour les sols forestiers, il faut donc surtout les préserver en favorisant une sylviculture à couvert continu dans les forêts bien pourvues et anciennes. Dans les boisements récents et les plantations, le stock initial de carbone dans le sol est plus faible et une sylviculture plus intensive (éclaircies/coupes rases) sera bien moins préjudiciable et pourra se reconstituer sur la rotation ;
- Pour ce qui est de la végétation forestière, la dynamique de séquestration est bien plus stratégique que le stock de carbone sur pieds en lui-même. Et cela dépend avant tout de la station pédo-climatique, des essences adaptées actuellement et demain et enfin du type de sylviculture mené. L’indicateur est alors la productivité moyenne à l’hectare et par an (après prise en compte de l’infradensité). Plus il est élevé plus on produit de bois et donc plus on retire du CO2 de l’atmosphère, ce qui est bien l’objectif poursuivi. Ainsi chaque hectare, chaque parcelle cadastrale, chaque territoire devrait faire l’objet d’un minimum de suivi pour optimiser son potentiel de séquestration (sauf si cela s’avérait incompatible avec d’autres priorités comme l’érosion ou la biodiversité, …) ;
- En matière de valorisation du bois, ce qui est important c’est de toujours utiliser au mieux la récolte, les ventes en unités de produits triés en bord de route semblent les plus adaptées mais ne sont pas forcément les plus pratiquées car les propriétaires forestiers sont rarement des professionnels sauf à disposer de conseils (coopératives, gestionnaires ou experts forestiers). Nous avons vu qu’une valorisation en Bois d’œuvre (BO) et en Bois Industrie (BI) présente des coefficients de substitution combinés plus de deux fois supérieurs à ceux du Bois Energie (BE). Le BE est et restera un co-produit et un sous-produit du BOBI en fin de vie. De plus, l’amélioration continue des rendements des appareils de combustion de bois bûche permettra de chauffer toujours plus de personnes avec toujours moins de bois bûche extrait des forêts.
Alors que de beaucoup s’interrogent sur leurs moyens d’actions dans la lutte contre le changement climatique. Déjà nous sommes 3,5 millions de propriétaires forestiers et des dizaines de milliers de collectivités territoriales à avoir la chance de disposer du levier forestier pour agir chez nous, et il en va de l’intérêt commun. A diffuser sans modération.
Janvier 2023 – Propriétaires, occupons-nous de nos forêts !
Tout le monde doit se retousser les manches pour s’occuper des forêts face au changement climatique. Personne d’autre que les propriétaires ne peut prendre des décisions à leur place. Ils sont 3,3 millions de particuliers qui détiennent à eux-seuls plus de 9 Mha. 4 Mha sont détenus par 50 000 personnes possédant plus de 25 ha, seuil à partir duquel des documents de gestion durable sont obligatoires pour rendre compte à l’État de ce que l’on fait dans sa forêt. Les autres 5 Mha passent sous les radars, détenus par 3,25 millions de petits propriétaires avec chacun une moyenne de 1,5 ha … ce qui représente quand même 10% du territoire métropolitain ! Ces propriétaires ne vivent pas des revenus de leurs forêts. Certains s’y intéressent par passion ou parce qu’ils en ont maintenant le temps (retraités) mais plus rarement, par altruisme, en se disant « mon action va servir à préserver la vie sur la planète ». La plupart s’ignore.
Que veut dire « s’occuper de sa forêt », c’est simplement prendre en compte qu’en tant que propriétaires fonciers, nous avons des droits et des devoirs. Si on ne s’y connaît pas du tout en matière forestière, des conseillers du CRPF, organisme public, sont disponibles pour ce faire. Le conseil pourra être de laisser cette forêt en évolution naturelle voire en préservation intégrale, ou bien de faire des boisements/reboisements avec des essences plus adaptées ou encore de faire des travaux d’amélioration … en fait peu importe car la seule chose qui compte c’est que ce soit le résultat d’une décision consciente et non d’un abandon ou d’un renoncement. Ensuite, pour passer à l’action, il faudra faire appel à des professionnels, être prêts à engager des frais sans doute. Celui qui n’est pas prêt à devenir un forestier, c’est à dire quelqu’un qui s’occupe de sa forêt, peut alors décider de vendre pour permettre à un autre de prendre le relais (pourquoi pas la commune qui est la première concernée par l’évolution de son territoire). Certes il y a souvent un attachement familial ou de multiples raisons qui peuvent freiner une telle décision mais avec une telle inertie, la filière forêt-bois n’est même pas auto-suffisante alors que la France possède la 4ème forêt européenne. Plus la forêt française sera en bonne santé (c’est à dire renouvelée, adaptée au changement climatique, diverse dans ses essences et ses méthodes de gestion, riche en biodiversité, …) plus elle produira du bois de qualité, plus elle séquestrera du carbone, plus elle rendra de services écosystémiques. Notre puit carbone forestier est sur la mauvaise pente, il décroît chaque année un peu plus compte tenu du manque d’adaptation au changement climatique (baisse de la croissance, hausse de la mortalité, …), or il sera impossible d’atteindre la neutralité carbone en 2050 sans l’aide de la forêt. Nous avons besoin d’elle, elle a besoin de nous, chaque propriétaire doit sentir qu’il a un devoir moral de s’occuper de sa forêt.
Février 2023 : Adapter des écosystèmes naturels au changement climatique
Le Ministre de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires a fait sauter un tabou le 30/01/23 lors de la conférence de France Stratégie&I4CE sur l’« Adaptation au changement climatique dans les territoires » : le scenario établi lors de l’accord de Paris à savoir, limiter la hausse des températures moyennes dans le monde à + 2°C (entre la période préindustrielle et 2100) ne serait plus réaliste. En effet, nous avons déjà environ 1,1 °C d’augmentation à notre actif, et compte tenu de l’inertie liée aux émissions passées et à venir, le +2°C n’est déjà plus tenable. La trajectoire nous amène à +2,5/+2,6 °C. Cependant ces chiffres ne sont que des moyennes, et forcément cette évolution sera plus prononcée sur la terme ferme que sur les océans d’une part et sur les pôles par rapport à l’équateur d’autre part. Et le Sénateur Dantec de préciser qu’un scenario mondial à +2,5°C signifie en fait +4°C en France ! Ces propos sont corroborés par des scientifiques de Météo-France et du CNRS, dans une étude parue le 4 octobre 2022 dans la revue Earth System Dynamics « En 2100, la hausse de la température moyenne atteindrait + 3,8 °C. Il ferait ainsi en moyenne +3,2 °C en hiver et +5,1 °C l'été par rapport au début du XXe siècle ».
Un auditeur se lève alors et dit « mais +4°C, c’est équivalent à la différence entre la période glaciaire et notre ère ! ». Un article diffusé dans la revue Nature en 2020 précise en effet que « le Dernier Maximum Glaciaire d’il y a 20 000 ans présentait une température mondiale moyenne de l’ère glaciaire 6 °C plus froide qu’aujourd’hui (14 °C). Nous sommes donc en passe de modifier en 200 ans la température moyenne de la planète de l’ordre de grandeur de ce qui s’est passé en 20 000 ans, mais sans laisser le temps à la nature d’évoluer. Comment fera l’humanité maintenant pour s’adapter en quelques années à ce qu’elle a provoquée est une question qui reste entière ? mais notre sujet ici est surtout de savoir comment les écosystèmes naturels (forêts, cultures, zones humides etc…) pourront s’adapter sachant que certains arbres ont justement des longévité de l’ordre de 200 ans ? ils ne peuvent pas se déplacer, ni migrer rapidement par reproduction, l’épigénétique peut y contribuer mais ne sera pas suffisante. Nous devons nous en préoccuper dès à présent.
Alors certes, l’humanité devrait tout faire pour atténuer le changement climatique mais cela relève d’une gouvernance mondiale qui est au plus mal, par contre l’adaptation est à notre main car selon nos décisions et actions sur le terrain, nous pourrions déjà réduire plus ou moins l’impact. Il faudrait donc mettre les moyens R&D, systématiser les états des lieux, disposer d’informations pertinentes permettant de prendre les bonnes décisions, assurer le suivi dans le temps et ceci à différentes échelles puis partager les bonnes pratiques. Nous y déployons toute notre énergie pour aider les territoires dans ce sens.
Août 2024 - Capter un maximum de CO2, de la théorie à la pratique !
« rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » disait Lavoisier (loi de conservation de la masse). La combustion ou la décomposition naturelle de la matière organique libère les atomes de carbone qui se trouvent alors dilués dans l’atmosphère sous forme de molécules de CO2. Cette dispersion de matière et/ou d'énergie dans l’atmosphère s’appelle l’entropie. Elle est dopée par l’activité anthropique entrainant une hausse de la concentration en CO2 et de la température moyenne. Pour reconstituer des formes de matière ou d’énergie utilisables, il faut recondenser ces atomes diffus. Seule la photosynthèse sait faire cela, nous n’avons pas d’autre levier naturel pour atténuer le changement climatique en cours. Il faut donc maximiser cette pompe à carbone naturelle.
Encore faut-il disposer d’indicateurs pour pouvoir suivre cette activité photosynthétique. La Tonne équivalent CO2 (TeqCO2) est un proxy qui a le mérite de ramener de multiples facteurs complexes en une simple et unique grandeur.
Mais quel indicateur carbone est le plus pertinent pour ce faire ? le stock de carbone (proxy du volume de bois sur pieds), la captation carbone (proxy de l’accroissement naturel des arbres) ou la séquestration carbone (proxy de la variation du stock carbone sur pieds et aussi = accroissement - prélèvements - mortalité). Ainsi l’indicateur de la captation carbone apparaît comme le plus pertinent pour suivre le niveau d’activité de la photosynthèse.
Et pourtant, l’attention se focalise en général sur les deux seuls autres indicateurs. Certes ils sont importants mais peuvent conduire à des biais décisionnels. En effet, la tentation est grande d’intervenir sur le seul paramètre que l’humain maitrise à savoir le niveau de prélèvements lorsque les deux autres (la croissance et la mortalité) ne vont pas dans le sens souhaité. Le prélèvement devient alors la variable d’ajustement du système pour préserver à tout prix le stock et la séquestration, mais ce faisant il y a un fort risque à court-moyen terme de constater l’effet inverse c’est à dire une baisse de la croissance accompagnée d’une hausse de la mortalité par manque d’activité photosynthétique.
D’un point de vue purement carbone (qui n’est pas le seul enjeu à prendre en compte bien sûr), il convient de viser une forte captation (pour sortir le maximum de molécules de CO2 de l’atmosphère) et un stockage de longue durée. Ce dernier peut aussi bien être assuré dans des produits bois qu’en forêts (avec moins d’aléas biotiques et abiotiques). Par contre, pour capter du CO2, il n’y a pas d’alternative à la photosynthèse et l’indicateur de la captation carbone est donc essentiel à cet égard.
Tout propriétaire ou gestionnaire de foncier, aménageur d’un territoire a besoin d’indicateurs, de simulations, de projections pour connaître, décider, agir, suivre. C’est tout ce que nous proposons avec https://ofterritoire.com à l’échelle de votre zone d’intérêt.
Février 2025 - Comment optimiser son puits carbone au niveau local ?
La forte baisse du puits carbone forestier inquiète car nous comptions sur lui pour venir compenser les émissions carbone considérées comme incompressibles. Et maintenant que cela ne se passe pas comme prévu comment va-t-on faire pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ? doit-on laisser s’accroitre la désindustrialisation, choisir la voie de la décroissance ou bien encore compter sur la technologie pour pomper le CO2 dans l’atmosphère et l’enfouir sous nos pieds ? A priori rien de bien consensuel dans tout cela pour la population française !
Et pourtant il y a de l’espoir pour peu qu’on prenne le temps de comprendre ce qui se passe sur le terrain et d’agir sur les bons leviers. Soyons donc très concrets et comparons la situation réelle dans 2 communautés de communes (CC) proches géographiquement et présentant des profils boisés et des conditions pédoclimatiques relativement semblables.
Dans la CC1, on constate 100 ha de coupe forestière (0,3%/an des surfaces) et des prélèvements annuels (et perte par mortalité) de 90 000 m3 à mettre en rapport avec un accroissement naturel de 103 000 m3/an (soit 3 m3/ha/an, ce qui est relativement faible dans une zone pourtant favorable à la sylviculture). Dans la CC2, on constate 109 ha de coupe forestière (0,4%/an des surfaces) et des prélèvements annuels de 82 000 m3 à mettre en rapport avec un accroissement naturel de 152 000 m3/an (soit 5 m3/ha/an).
Il en ressort que la séquestration carbone est quasi nulle (on prélève quasi autant que l’accroissement annuel) dans la CC1 alors que nous en sommes à près de 4T de CO2/ha/an dans la CC2, soit 127 463 T de CO2 par an. C’est un puit carbone important pour des CC rurales peuplées en moyenne de seulement 21 000 habitants (moyenne des 1000 communautés de communes françaises). Un tel niveau permet en effet de compenser les émissions de 26 000 personnes (au niveau de l’empreinte carbone actuelle, hors importation). Nous voyons donc qu’il est tout à fait possible d’atteindre la neutralité carbone dans ces territoires en 2050 en s’appuyant sur des solutions basées sur la nature.
Très concrètement il faut favoriser l’accroissement forestier et limiter la mortalité (forêt en bonne santé, riche en biodiversité) avec des essences adaptées et des modes de sylviculture résilients au changement climatique. Le niveau de prélèvement durable est quant à lui déterminé selon le degré de maturité des forêts et son niveau d’accroissement naturel. Il faut donc trouver le chemin de crète dans chaque communauté de communes en France qui permet de prélever le juste niveau de bois pour nos divers usages (matériaux, emballage, énergie, …) tout en séquestrant un niveau optimal de CO2. De fait la gestion forestière durable optimise le puits carbone.
Les informations sur le puits carbone forestier et ses composantes pour chaque commune ou communauté de communes du territoire national sont à retrouver sur https://ofterritoire.com.
Mars 2025 - L’indicateur intégré du biotope par OFTerritoire ou comment jauger le niveau d’habitabilité d’un territoire ?
La nature est complexe, les écosystèmes naturels sont des équilibres précaires qu’il est impossible de modéliser. Il n’est donc pas ici question de mettre la nature en équations ni de faire rentrer les écosystèmes dans un tableur excel. Il s’agit de produire un indicateur intégré à partir d’indicateurs simples et factuels que nous déterminons chaque année sur l’ensemble du territoire métropolitain (ex : évolution de la surface des accrus forestiers, accroissement naturel des peuplements, séquestration carbone, nombre d’espèces invasives etc…) et à n’importe quelle échelle du territoire (de la zone d’étude particulière aux différentes strates du zonage administratif). Nous sommes sollicités par des clients qui nous demandent de pouvoir jauger le niveau de fonctionnalités écologiques d’un territoire, l’habitabilité de son biotope. Nous avons donc produit, avec les conseils d’écologues de terrain, un indicateur OFT du biotope composé d’une grande partie de nos indicateurs simples que nous regroupons en 4 facteurs de biotope : la diversité structurelle des espaces (mosaïque horizontale avec toutes les essences d’arbres et types de cultures, la stratification verticale : herbacées, arbustives, arborées), les espaces d’intérêts écologiques (zones protégées, humides etc…), la diversité des espèces animales et végétales (inventoriées, protégées, menacées, invasives), la contribution à l’atténuation du changement climatique (stock de carbone dans le sol, la biomasse, la séquestration etc…). Nous avons produit une base 100 à l’échelle nationale (moyenne des tous les critères) et cela permet ensuite de décliner une note pour chaque région, département, communes de France pour la comparer avec sa structure d’appartenance. Il est également possible de suivre l’évolution de ce score dans le temps et l’espace. Nos clients cherchent à comparer le biotope de leurs zones d’intérêts qu’ils soient propriétaires ou gestionnaires d’espaces fonciers, en monde rural ou urbain. Cela permet de prioriser les actions dans les zones les plus en décalage par rapport à leurs objectifs. Par exemple un département ressort sur la base de cet indicateur OFT du Biotope avec un score de 113 grâce à sa surface naturelle, sa diversité en essences forestières, sa forte présence de milieux humides et protégés. Nos travaux dans ce département nous ont par exemple permis d’identifier parmi des centaines de zones d’études celle qui ressortait avec la moins bonne note (38) dans une commune présentant elle-même un modeste score de 58. Priorité va être donné par le client à la restauration de cet espace. Il sera possible de suivre au fil des années, le résultat de ces actions en suivant l’évolution de ce score OFT du biotope.
Les informations sur l’indicateur OFT du Biotope sont à retrouver sur https://ofterritoire.com et l’adresse contact@openforet.com.
OpenForêt / Copyright - Tous droits réservés / 2025